Quand le job coaching rencontre le rétablissement : entretien avec Chloé Saulnier, coordonnatrice à Un chez soi d’abord Tours

Chloé Saulnier est coordonnatrice de l’équipe Un chez soi d’abord en Indre-et-Loire. Elle nous partage son retour d’expérience sur l’intégration des job coachs IPS au sein du dispositif, sur la formation job coach du WFX et les premiers effets observés sur le terrain.

 

À retenir en 4 points

  • Le job coaching IPS permet de répondre à un besoin réel exprimé par les personnes accompagnées : travailler dès qu’elles sont logées.
  • L’intégration réussie de deux job coachs dans l’équipe Un chez soi d’abord de Tours, avec une complémentarité forte avec les autres professionnels.
  • Une formation WFX alignée avec les principes du rétablissement, qui aide à changer de posture et à aller vers les entreprises.
  • Des premiers résultats concrets sur le terrain et la construction d’une communauté de pratiques à l’échelle nationale.

 

À Tours, l’équipe Un chez soi d’abord poursuit les premières initiatives déjà menées par d’autres équipes du chez soi en intégrant le job coaching IPS dans son accompagnement. Cette initiative répond à un besoin exprimé par les personnes logées : pouvoir retrouver un emploi en milieu ordinaire, sans attendre. Dans cet entretien, Chloé Saulnier revient sur les étapes du projet, la pertinence de la méthode IPS, et les premiers résultats observés.

Formation job coach Un chez soi d’abord Tours
Souvenir de la formation à Tours

Quel était le besoin de départ ?

On entend très régulièrement les personnes accompagnées nous dire : « une fois que j’aurai un logement, je veux bosser ». C’est récurrent. Sauf que dans l’équipe, on a déjà énormément de choses à gérer en lien avec le quotidien en logement, et la question de l’emploi passe souvent en second plan.

Une stagiaire, aujourd’hui salariée, était surprise que la question du travail revienne régulièrement lors des entretiens, sans que le sujet soit ensuite embarqué. On en a parlé avec la DEETS (Délégation départementale de l’emploi, du travail et des solidarités), et ils nous ont aidés à obtenir un financement pour expérimenter le recrutement de deux job coachs (1,2 ETP).

 

Depuis quand connaissez-vous le WFX, et pourquoi avoir fait appel à eux ?

Je connais le WFX depuis longtemps. En 2017, je travaillais dans une autre association à Tours, et on avait monté une équipe IPS avec un médecin du CHRU de Tours. Nous avions découvert la méthode IPS, et étions allés se former à Marseille avec le WFX. J’avais été très marquée par l’efficacité de la méthode.

Puis en 2022, dans le cadre du projet Un chez soi d’abord à Tours, on a aussi bénéficié d’une formation WFX sur les socles du rétablissement et la méthode du chez soi d’abord. Ils étaient venus former toute l’équipe ici. Quand le projet d’ajouter un volet emploi à notre accompagnement est apparu, faire appel à WFX était évident.

 

Comment s’est passée la formation au job coaching ?

Très bien. Le contenu est très aligné avec les principes du rétablissement. On n’est pas dans les logiques franco-françaises classiques du type : formation, évaluation, puis peut-être emploi. Là, on fait le pari que si la personne souhaite travailler en milieu ordinaire, on agit tout de suite dans ce sens-là.

C’est aussi une formation qui déconstruit pas mal de nos réflexes. Quand on vient du médico-social, on n’a pas du tout le langage « entreprise ». Ce n’est pas notre culture. Et là, on doit aller vers du démarchage, vers une posture un peu plus commerciale. Ce n’est pas naturel, mais c’est précieux de le travailler.

 

Y a-t-il un aspect de la formation qui vous paraît indispensable ?

Oui, le moment où on sort de la salle pour aller faire du démarchage entreprise, concrètement. C’est fondamental. Si on ne s’y essaye pas en formation, c’est compliqué ensuite d’entreprendre la démarche quand on est tout seul. On a besoin de ce filet de sécurité, d’être à plusieurs, avec les formateurs, pour oser y aller. Sinon, une fois en poste, on peut rester bloqué.

« J’ai beaucoup apprécié la formation IPS avec WFX. Les intervenants étaient vraiment ancrés dans la réalité de terrain, ce qui rendait les apports très concrets et proches de ce qu’on peut vivre dans nos pratiques.

J’ai aussi été touchée par le regard que propose la méthode : centrer l’accompagnement sur la personne, en partant du principe qu’elle a les ressources et la capacité de décider pour elle-même, tout en valorisant les parcours atypiques. Ça ressemble vraiment à la posture que je défends dans l’accompagnement, et ça fait du bien de la voir matérialisée dans une formation destinée au plus grand nombre.

La formation est dense et bien construite. Le module sur la communication aux entreprises m’a paru un peu plus général, donc un peu moins simple à s’approprier, mais il ouvre des pistes d’exploration pour trouver sa façon de faire.

Je recommande vraiment cette formation à toute personne qui accompagne l’humain et qui a envie de revisiter sa posture de manière juste et respectueuse. »

 

Comment les job coachs IPS ont-ils été intégrés à l’équipe ?

Ils étaient vraiment attendus. Le besoin était là, exprimé par les locataires. Donc l’arrivée de ces professionnelles a été naturelle. On a deux job coachs, qui travaillent chacune trois jours par semaine, avec une journée en commun. Ensemble, elles représentent 1,2 ETP.

On les a formées, mais aussi une partie de l’équipe, pour que tout le monde comprenne la méthode. Ce n’est pas un ajout extérieur. Leur présence vient enrichir le fonctionnement de l’équipe.

 

Quelle est la différence entre un travailleur social et un job coach IPS, selon vous ?

Le job coach est mono-sujet : il se concentre uniquement sur l’emploi. Et c’est justement ce qui fait sa force. Il s’appuie sur l’équipe pour le reste, et nous on peut s’appuyer sur lui pour la partie emploi. On est dans une vraie complémentarité.

 

Quels sont les premiers effets que vous avez constatés ?

Pour les personnes accompagnées, on voit plusieurs choses :

  • Certaines testent un job, se rendent compte que ça leur correspond… ou pas.
  • Pour d’autres, ça met en lumière la nécessité de se rapprocher d’abord des soins.
  • Et il y a un monsieur qu’on ne voyait jamais, ou très peu. Maintenant, on le voit presque chaque semaine. Il est dans une temporalité, un lien plus régulier, pour travailler son projet.

Pour l’équipe aussi, c’est très soutenant. Les job coachs peuvent alerter sur des choses pratiques : les lunettes, le permis, un rendez-vous médical… Et nous, ça nous permet de relayer les projets pro sans les porter seuls.

 

Quelles sont les prochaines étapes pour vous ?

On a récemment reçu la confirmation qu’on pourrait prolonger l’expérimentation pendant un an. C’était essentiel : un an, c’est trop court. On apprend en marchant.

Et dans quinze jours, il y a une rencontre intersites job coach à Lyon. On est plusieurs à avoir un dispositif Un chez soi d’abord avec du job coaching. Ce sera l’occasion de travailler ensemble, d’échanger des outils, de renforcer la communauté de pratiques.

 

 

En intégrant le job coaching à leur approche, l’équipe Un chez soi d’abord à Tours illustre comment les principes du rétablissement peuvent être mis en œuvre de façon concrète. Portée par une dynamique d’équipe solide, la présence des job coachs occupe désormais une place essentielle dans le parcours vers l’emploi. Ce projet pionnier, désormais soutenu sur un an supplémentaire, ouvre la voie à une pratique durable, ancrée dans les besoins exprimés par les personnes accompagnées.

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