Alors que la santé mentale est érigée Grande cause nationale 2025, le WFX poursuit sa série d’articles consacrés à cette mobilisation collective. Après avoir mis en lumière la pair-aidance, nous consacrons cette édition à une priorité absolue : la santé mentale des jeunes.
Santé mentale des jeunes : une prise de conscience à transformer en action
13 millions de Français sont aujourd’hui concernés par des troubles psychiques, soit près d’1 personne sur 5. Depuis la crise sanitaire, la situation des jeunes s’est particulièrement dégradée :
-
- D’après Santé Publique France, chez les 15–24 ans, la proportion de jeunes ayant déclaré un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois est passée de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021.
-
- Près de 40 % des jeunes présentent des symptômes de dépression modérée à sévère, selon les données relayées notamment par le documentaire « Santé mentale, briser le tabou » de Juliette Paquin.
Pourtant face à ces données, un autre chiffre questionne : 23% des jeunes déclarent ne pas avoir le sentiment de prendre soin de leur santé mentale.
Le tabou persiste, les souffrances sont encore tues ou minimisées, et les réponses institutionnelles insuffisantes. Tout cela en dépit de certains efforts engagés dans la Loi de financement de la sécurité sociale 2025 : 400 000 millions d’euros alloués à la psychiatrie, dont près de 100 millions d’euros ciblant la santé mentale des enfants et des jeunes. Cette somme permet l’extension du programme « Mon soutien psy », le développement des Maisons des adolescents, etc. Des mesures conçues pour rendre l’accès à l’aide psychologique et aux soins plus aisé.
Sur le terrain, les acteurs de proximité (comme les missions locales) restent en difficulté pour répondre aux besoins des jeunes.
Agir tôt : une clé pour contribuer à la santé mentale des jeunes
Chaque parcours est singulier, mais tous les travaux convergent : intervenir tôt peut changer le cours de la vie.
Le rapport ethnographique Un chez soi d’abord Jeunes (mars 2025) rappelle que l’âge médian du premier passage à la rue est de 21,5 ans, et qu’un quart des jeunes concernés ont vécu cette situation avant 18 ans. Parmi eux, 34 % estiment leur état de santé « médiocre ou mauvais », et 22 % déclarent avoir eu des pensées suicidaires dans les quatre semaines précédant leur entrée dans le dispositif.
C’est pourquoi les approches orientées rétablissement qui partent du vécu et des aspirations du jeune sont essentielles. Elles permettent de reconstruire un projet de vie, en articulant logement, emploi, lien social et soutien psychologique, dans le respect des rythmes de chacun.
Des solutions en santé mentale qui ont fait leurs preuves
-
- Un chez soi d’abord Jeunes
Inspiré du modèle Housing First, ce programme offre un logement stable et un accompagnement pluridisciplinaire sans condition préalable. Les évaluations montrent une nette amélioration de la santé mentale, une réduction des hospitalisations, et une capacité retrouvée à se projeter dans l’avenir.
-
- Méthode IPS pour les jeunes
Cette méthode d’accompagnement vers l’emploi repose sur un principe simple : le travail est un levier de rétablissement. Avec l’appui d’un job coach, les jeunes peuvent accéder directement à l’emploi en milieu ordinaire, sans attendre une « guérison » préalable.
Espaces de soutien entre pairs, ces lieux ouverts valorisent l’expérience vécue comme ressource. Ils permettent de rompre l’isolement, de renforcer l’estime de soi et de construire un projet de vie en s’appuyant sur des personnes qui ont traversé des situations comparables.
Soutenir aussi les parents : l’engagement de l’Unafam
Dans sa lettre U92 d’avril 2025, l’Unafam souligne l’importance d’accompagner les parents et proches de jeunes vivant avec des troubles psychiques.
Souvent démunis face à l’apparition brutale de ces troubles, les parents expriment un fort besoin d’écoute, d’information et de soutien concret. Pour y répondre, l’Unafam développe des actions de proximité, comme des groupes de parole, des formations à la communication, ou encore des temps d’échange animés par des pairs-aidants familiaux. Ces espaces permettent de mieux comprendre le rétablissement, de sortir de l’isolement, et d’accompagner les jeunes sans s’épuiser.
Le vécu des famillesest reconnu comme une ressource précieuse pour bâtir des réponses plus humaines et durables.
Construire ensemble une société qui veille à la santé mentale des jeunes
Pour WFX, cette mobilisation nationale ne peut porter ses fruits que si elle s’ancre dans les pratiques de terrain et des interventions conçues pour être au plus proche des jeunes et de leur entourage. Former les professionnel·le·s, soutenir la pair-aidance, développer l’IPS et le chez soi jeunes, créer des passerelles entre les acteurs : c’est dans cette action concrète que se joue le succès de cette Grande cause.
Car soutenir la santé mentale des jeunes, ce n’est pas une question d’exception, c’est une responsabilité collective. C’est croire en la force des parcours de vie, et en la possibilité pour chacun de se rétablir, à son rythme, avec les bons appuis.
Trois jours d’ateliers et d’échanges à Lyon avec les jeunes du dispositif Un chez soi d’abord Jeunes.